Une étude confirme que les usages en France dépassent les recommandations


Décrivant « pour la première fois en France l’évolution du temps d’écran des enfants entre 2 et 5 ans et demi dans le pays », une étude publiée mercredi 12 avril dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France vient confirmer que le temps passé par les plus jeunes devant des écrans excède les recommandations sanitaires.

L’enquête détaille les temps quotidiens et la nature des différents écrans consultés par des enfants de 2 ans, de 3 ans et demi et de 5 ans et demi, entre 2013 et 2017. Elle s’inscrit dans le cadre de l’étude Elfe, portée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), première étude d’envergure nationale sur le long terme consacrée au suivi des enfants de la naissance à l’âge adulte : plus de 18 000 enfants nés en 2011, suivis pour une durée de vingt ans.

Parmi les principaux enseignements, celui du temps d’écran quotidien : il s’établit en moyenne à cinquante-six minutes à 2 ans, une heure et vingt minutes à 3 ans et demi et une heure et trente-quatre minutes à 5 ans et demi. « Les données de l’étude Elfe montrent que le temps total d’écran augmente régulièrement entre 2 ans et 5 ans et demi, avec une importante persistance du comportement entre enfants, précise l’article. L’étude montre aussi que la télévision reste l’écran principal visionné par les jeunes enfants, bien que sa part diminue avec l’âge, à mesure que les enfants s’initient à d’autres types d’écrans à partir de 3 ans et demi. »

Ces durées sont supérieures aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise de ne pas exposer les enfants de moins de 2 ans aux écrans, puis de limiter le temps à une heure par jour entre 2 et 5 ans. « A l’échelle nationale, la proportion d’enfants suivant la recommandation “Pas d’écran à 2 ans” (2013) était de 13,7 % », assurent les enquêteurs.

Disparités dans les foyers selon les origines ou le niveau d’études

L’étude constate également que ces temps sont plus élevés chez les familles ayant des origines immigrées ou un niveau d’études de la mère faible. « Les données de la mère ont été retenues, en raison du rôle important de celle-ci dans les activités qui touchent à l’éducation de l’enfant et parce qu’elles comptent moins de données manquantes que les données du père », justifie l’étude.

Aucune différence notable n’a été observée à 2 ans entre garçons et filles, mais une petite différence émerge ensuite : à 5 ans et demi, les garçons passent dix minutes de plus sur les écrans que les filles.

Les auteurs reconnaissent quelques limites à leurs travaux, dont le fait que les mesures de temps d’écran sont des données déclaratives de la part des parents, ces derniers pouvant avoir tendance à sous-évaluer la durée d’exposition de leurs enfants. En outre, la
période de collecte des données (entre 2013 et 2017) « ne reflète pas nécessairement la situation la plus récente, notamment à l’ère post-Covid-19 », écrivent les chercheurs. « Elles permettent néanmoins de documenter la situation antérieure à l’épidémie. A [leur] connaissance, il n’existe pas d’étude plus récente » de cette nature.

Sans s’avancer sur une quelconque projection, les chercheurs ajoutent toutefois : « Le smartphone et la tablette s’étant fortement développés durant la décennie 2010, on pourrait s’attendre à une augmentation du temps d’écran, mais ce serait ignorer que les messages de prévention à l’intention des jeunes enfants se sont eux aussi multipliés sur cette période. »

Le Monde avec AFP



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